Brandir l'écologie pour justifier des mesures injustes socialement, comme on l'a observé ces dernières semaines, est une manière sûre de la décrédibiliser. Mais c'est aussi une occasion à saisir pour déplacer le débat de "l'écologie ou pas", vers "quelle écologie veut-on ?". Les Français souhaitent-ils poursuivre l'expérience d'une "écologie des riches" qui culpabilise monsieur-tout-le-monde pour protéger les vrais responsables ? Ou exiger une écologie qui mette la justice sociale au premier rang de ses préoccupations ? Avec une certaine ironie, cette écologie qui demande plus à ceux qui ont plus, le pouvoir l'a jusqu'ici toujours qualifiée de "punitive". Aujourd'hui, plus personne n'est dupe. Par ailleurs, nous savons depuis longtemps que pour être acceptée la transition écologique nécessite du temps et du doigté. Malheureusement, après des décennies d'inertie politique sur les questions environnementales, la crise écologique nous prend de vitesse et le libéralisme la transforme en bricolage précipité. Pire, autour de nous, de nombreux pays basculent dans des scénarios à la Trump, ce qui rend la théorie de l'effondrement plus réelle que jamais... En conséquence, je croise beaucoup d'écologistes désespérés. A quoi bon continuer, en effet ? Pour ma part, je dirais ceci : méfiez-vous de l'effet autoréalisateur du désespoir... Quelle que soit l'adversité à venir, la tentation du repli sur soi ne mène à rien et nous avons tout intérêt à continuer à développer les solidarités, les coopérations, l'auto-organisation, et à aider le monde qui nous entoure à renouer le contact avec le monde réel. Par ailleurs, c'est lorsque le ciel est sombre, que nous nous sentons impuissants, que nous avons le plus besoin d'organisation collective.